Tant d’images nous viennent en tête en pensant au duo de Gilles et Nicole. Comme un bijou composé de deux moitiés de cœur en or qui s’aimantent l’une à l’autre pour former un tout d’une grande valeur. Un pendentif attaché à une longue chaine d’amitié. Une chaine crochetée de matériaux précieux et durables : des mailles de bonté, d’honnêteté, d’écoute, de confiance.
Le jour de l’entrevue, à Laval, nous devions récupérer Gilles à son domicile pour se rendre en voiture jusqu’à la résidence de Nicole, sa Grande Amie. Habituellement, il fait tout ce trajet en transport en commun. Il s’était avancé vers nous d’un pas dynamique et rapide, un gros sac noir sur l’épaule, souriant, pareil à un Père Noël pressé de finir sa tournée de distribution des cadeaux avant que les petits se réveillent. Déjà, le contenu du sac piquait notre curiosité…
En chemin, notre GPS a fait défaut et nous a mené à faire un long détour causant ainsi un retard à notre rendez-vous auprès de Nicole. C’était un mal pour un bien, nous permettant d’entendre ce que Gilles témoigne de son expérience de bénévole auprès des Petits Frères… Il raconte qu’il était impliqué dans rien à l’époque, qu’il souhaitait faire quelque chose d’utile et de significatif, soit auprès des adolescents, soit des personnes aînées. Son choix s’arrêta chez les Petits Frères.
Soumettre sa candidature à titre de bénévole, implique de remplir le questionnaire d’intérêt, attendre les résultats de recherche d’un bon jumelage et des vérifications de sécurité. Pendant ce temps d’attente, Gilles n’est pas resté à rien faire, assis sur son divan à se rouler les pouces, il a pris l’initiative de participer aux activités d’accueil des nouveaux bénévoles, des soirées de fête et des événements spéciaux. « J’aimais l’ambiance des partys des Petits Frères, commente Gilles, tout le monde est accueillant, on se sent rapidement comme un membre de la famille. »
Puis, arrive le jour d’une première rencontre avec Nicole… Pour nous aussi, au moment où nous arrivons enfin jusqu’à sa résidence. Elle nous attend à la sortie de l’ascenseur, chic et élégante, soulagée. Nous nous excusons de notre retard et aussitôt, tout est pardonné.
Après les présentations de circonstances, elle s’ouvre comme une lettre d’amour sortie de son enveloppe. Ses mots sont généreux et ordonnés. Ses silences, justes.
À l’entendre parler de son Gilles, on dirait qu’elle a une plume au bout de la langue : elle parle comme on écrit un poème : « J’étais sauvage et je me suis ouverte au monde… Suite à une grande dépression, j’ai cru que ma seule solution pour en finir avec la tristesse était de demander l’aide médicale à mourir… Puis, on m’a parlé des Petits Frères. Je me suis imaginée un jumelage avec un homme bon et drôle, et plus je me l’imaginais, plus je me rapprochais de Gilles. Le voilà… On s’est mis à parler comme si c’était la veille qu’on s’était rencontrés, comme de l’eau dans une rivière, ça coulait. Il est généreux, honnête, franc et direct, quasiment proche de l’homme parfait… »
Un verbatim dicté impeccablement. Des pages et des pages de profonde gratitude. Et ce Gilles assis modestement au bout de la table, la tête baissée, le sourire en virgule pendant que sa Grande Amie nous livre son affection pour lui.
« … C’est lui la locomotive et je le suis. Nos vies cachées pour plein de monde, on se les partage entre nous… Payez-vous un beau cadeau, offrez-vous un bénévole, c’est rassurant, Gilles est rassurant. Sortez de votre isolement, y’en a un autre qui est isolé… »
C’était en effet le cas pour Gilles, il s’était éloigné de ses proches et sentait le besoin de partager des moments avec quelqu’un. Et si ces moments font œuvres utiles, c’est un atout.
Arrive le moment où il déballe son sac… Des paquets de cartes, une plaquette de Cribble, un damier, un coffre de Backgammon, de tout pour combler le vide ou les silences et les remplir de rire complices, de folies, de jeux. Gilles a plus d’un tour dans son sac, il est rassembleur et animateur inné. Lorsqu’il sort son harmonica pour nous jouer un reel folklorique, les souvenirs défilent et s’entremêlent en passant par la mémoire de Nicole à celle Gilles. Tout se complète : la cabane à sucre qu’il a organisée pour Nicole, le récital de piano qu’il a offert à Noël, les sacs de pommes d’automne, les parties de hockey sur table.
Il explique : « J’essaie d’organiser des thématiques lors de mes visites, suivant les saisons, je fais même des confitures de pissenlits quand c’est le bon temps, et ça, Nicole elle les adore! »
De la poésie à la littérature, on passe au théâtre, Gilles se lève et nous refait la scène de danse qu’il avait initiée un jour, avec sa Grande Amie et d’autres résidents… De toutes les beautés du monde, ce duo! Il termine en mettant l’emphase sur l’importance de préserver notre patrimoine Québécois en prenant soin des personnes aînées qui nous entourent. « Si vous voulez revivre une partie de votre jeunesse, qu’on vous raconte des choses qui ne reviendront plus jamais, allez à la rencontre d’une Grande Amie ou d’un Grand Ami pour que ça dure un peu plus longtemps. »
Comme un bijou composé de deux moitiés d’époque, un hier et aujourd’hui, soudé par la force de l’attachement, paré des plus beaux atours de l’amitié, le duo de Gilles et Nicole est précieux. Juste avant de partir, Nicole nous confie une perle de secret : « Chacune de ses visites me donne de la matière à rêver pendant deux semaines et j’ai toujours hâte qu’il revienne. »
Merci pour ce présentoir attrayant de votre amitié Gilles et Nicole. Un bijou de rencontre que nous aimerions tous porter fièrement.
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