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Les personnes aînées isolées : un impact majeur sur la santé publique et l’urgence d’agir

Les études se multiplient pour démontrer l’impact de l’isolement sur la santé psychologique et physique des êtres humains, et même sur leur espérance de vie. La solitude et l’isolement social auraient des conséquences sur la longévité comparables à celles de l’obésité, de la sédentarité et du tabagisme. À ce titre, l’étude sur le développement des adultes réalisée à l’Université d’Harvard depuis 1939 démontre que la qualité des relations humaines constitue l’un des facteurs les plus fiables pour prédire le niveau de bonheur d’une personne et la qualité de sa santé au cours de sa vie [1] [2].

L’enjeu de la solitude et des problèmes cardiaques

« Loin des yeux, loin du cœur » nous dit le dicton. En effet, cet adage illustre bien les liens de cause à effet entre l’isolement et les problèmes cardiaques. Les études épidémiologiques tendent en effet à démontrer qu’un faible réseau social augmenterait :

  • L’hypertension;
  • Les maladies coronariennes;
  • Les insuffisances cardiaques;
  • Les problèmes cardiovasculaires.

On estime, à l’inverse, que la présence d’un bon réseau autour de soi permettrait de surmonter plus facilement les grandes épreuves de la vie (deuil, maladie, accident…) et ainsi d’atténuer le stress qu’elles produisent sur l’organisme.

De la même manière, il est prouvé qu’un bon entourage favorise l’adoption de meilleures habitudes de vie et incite à être plus actif. 

Enfin, plus il y a de personnes dans l’entourage de quelqu’un, meilleures sont ses chances d’obtenir de bons conseils en cas d’anomalie de santé. De plus, les personnes qui sont bien entourées ont tendance à consulter plus rapidement que celles qui sont isolées [1].

S’il fallait inventer un nouveau proverbe pour imager cette réalité, on pourrait dire  : « rencontrer ses proches tous les jours éloigne le cardiologue pour toujours ».

D’autres effets pervers sur la santé physique

Selon le rapport du Conseil national des aînés, les personnes vivant seules courent de 4 à 5 fois plus de risques de se faire hospitaliser.

Le stress chronique causé par l’isolement attaque le système immunitaire et cause de l’inflammation, un problème associé à différentes maladies telles que l’insuffisance coronarienne, le diabète de type 2 et l’arthrite [3]. Il modifierait aussi l’activité endocrinienne du corps [4]. Les personnes les plus isolées montrent ainsi un plus haut niveau d’anticorps associé à une augmentation de la douleur, de la dépression et de la fatigue chronique. De plus, une personne isolée vit dans un état d’hypervigilance permanent qui crée des troubles du sommeil et augmente le risque de morbidité et de mortalité [5].

Il ne s’agit là que d’un échantillon des effets délétères de l’isolement social sur l’organisme, mais cette liste est amplement suffisante pour démontrer l’urgence d’agir en ce domaine.

Le cerveau n’est pas épargné par les conséquences de l’isolement

Les mesures de distanciation imposées durant la pandémie ont permis de mesurer mieux que jamais l’impact négatif de l’isolement sur la santé mentale. Elles ont mis en lumière les relations que la science explore et quantifie depuis longtemps et il est évident maintenant que l’isolement social augmente les risques de dépression et de suicide en plus d’accroître de 60 % les risques de démence [6].

Il est aussi démontré qu’à partir de 65 ans, si les neurones sont peu sollicités, ils se dégradent et meurent plus vite. Ce phénomène, associé à d’autres pertes cognitives, entraîne une régression des capacités de raisonnement et de mémoire et peut contribuer à l’apparition de la maladie d’Alzheimer [7].

Ces divers éléments ont été abondamment observés et documentés durant la pandémie dans les CHSLD, mais aussi au sein de la population âgée en général qui s’est trouvée isolée de ses proches. 

Cela démontre, encore une fois, l’importance du contact humain pour prévenir certains méfaits évitables du vieillissement.

L’isolement augmente les risques de maltraitance

Souvent oubliée dans le débat public, la maltraitance touche des milliers de personnes aînées chaque année au Québec. 

Selon le rapport du Conseil national des aînés, l’isolement social est considéré comme un facteur de risque de maltraitance envers les aînés. Les problèmes cognitifs ou de mobilité de certaines personnes peuvent les rendre vulnérables vis-à-vis de leur entourage ou d’individus en situation de pouvoir.

Le gouvernement du Québec considère que la maltraitance se divise en 7 catégories :

  • Psychologique;
  • Physique;
  • Sexuelle;
  • Matérielle ou financière;
  • Organisationnelle;
  • Âgisme;
  • Violation des droits.

Plusieurs sous-catégories viennent encore allonger cette liste et démontrent qu’à elle seule la maltraitance envers les aînés constitue un véritable enjeu de santé publique et mérite une plus grande implication de la part des institutions.

Agir maintenant

Avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes âgées en situation d’isolement va croître sans cesse dans la prochaine décennie. Il est crucial d’agir aujourd’hui pour limiter ce phénomène d’une ampleur inégalée.

Les Petits Frères se mobilisent plus que jamais afin d’accompagner les aînés qui ont besoin d’eux. Notre impact est déjà indéniable et notre implication va s’intensifier, mais seuls, nous n’arriverons pas à contrer cette triste réalité. Les pouvoirs publics doivent s’investir davantage, certes, mais nous avons aussi besoin de l’aide de toutes et de tous.

Chaque membre de la société doit se montrer plus attentif envers les personnes aînées. Lorsqu’on prend l’habitude d’interagir régulièrement avec elles, il est possible de détecter si elles vivent de l’isolement ou de la maltraitance. C’est le premier pas qui permet d’effectuer des signalements et d’agir concrètement pour leur bien-être.

Nous avons besoin de vous. Les aînés ont besoin de vous.


Sources :

[1] Juneau, M. (2017). L’isolement social, un important facteur de risque de mortalité prématurée

[2] Waldinger, R. What makes a good life? Lessons from the longest study on happiness

[3] Ohio State University. Loneliness, like chronic stress, taxes the immune system

[4] Cacioppo, J T. Cacioppo, S. Capitanio, J P. Cole, S W (2013). The Neuroendocrinology of Social Isolation

[5] Hawkley, L C. Cacioppo, J T. (2010). Loneliness Matters: A Theoretical and Empirical Review of Consequences and Mechanisms

[6] Conseil national des aînés (2013). Rapport sur l’isolement social des aînés

[7] Wilson, R S. Krueger, K S. (2007). Loneliness and risk of Alzheimer disease

[8] Gouvernement du Québec (2018). Un Québec pour tous les âges. Plan d’action 2018-2023

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