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L’amitié véritable, une étoffe rare : à envelopper dans du papier bleu

Dans une époque où les rencontres semblent souvent dictées par des algorithmes numériques et des réseaux sociaux, l’histoire de l’amitié entre M. Lévesque et M. Bastien nous rappelle la beauté et la simplicité des liens humains tissés dans la vraie vie. Deux Grands Amis, réunis par le hasard et guidés par leur passion partagée pour la communication, ils nous offrent un témoignage vibrant de ce que signifie se lier d’amitié à tout âge. À travers les mots de M. Lévesque, il nous invite à suivre leurs pas et à découvrir la magie des relations créées chez Les Petits Frères.


Témoignage d’un Grand Ami pour Armand Bastien.

Ces quelques lignes, afin de témoigner du privilège qui fut le mien, d’avoir à croiser un jour, un réalisateur à la retraite avec qui, sans le savoir, j’avais un point commun : l’amour des ondes, la magie de la communication; en me rappelant, à dessein, cette adorable citation de CARAVAGE : « Nous sommes faits de la même étoffe que les rêves ».

Cette première rencontre fut aussi vive que fortuite : comment expliquer ce qui nous échappe? C’était, il m’en souvient, rue Garnier : croisement de regard puis aussitôt ce désir pressant de communiquer directement.  C’est lui qui prit les devants en venant s’installer à la table que j’occupais.   Et la conversation s’est mise en branle comme si nous nous étions connus et fréquentés depuis toujours.  Attendu que nous découvrant tous deux serviteurs de la parole et de l’échange, nous avons aussitôt convenu que nous avions tous deux des aptitudes à tenir le même langage.  Reconnaissant que le monde de la télévision, que nous avons servie tous les deux, sous deux pôles distincts : lui, au titre de réalisateur et moi sous l’étoffe de scripteur-recherchiste et intervieweur à l’émission SECOND REGARD de Radio-Canada.  De là à se poser la question qui tue : Qu’est-ce que la poésie du jour?  C’était sans compter sur la poétesse Marie Noel pour nous livrer sa recette personnelle : rien d’autre, que « la vie chantée ».

Puis, quelques mois plus tard, les circonstances nous favorisant, nous nous retrouvâmes, avec au cœur de nos attentes, encore nébuleuses, quelque chose qui pouvait s’identifier comme un élan renouvelé.  Quelque chose de philosophique qui pourrait évoquer : la perspective de transformer l’ESPOIR en HISTOIRE; bref, pour les deux tenants que nous sommes : la plus belle avenue du monde!  C’est alors que je me suis rappelé Prévert, cité un jour par Jean-Louis Trintignant :

« Et si on essayait d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple? » .

Points communs relevés : nous sommes tous deux communicateurs, tous deux férus d’instants rares à mettre au compteur de nos aventures. Nous habitons tous deux sur l’impressionnante rue Sherbrooke, mais à l’opposé l’un de l’autre : lui, dans l’Est de la ville et moi dans l’Ouest.  Ici, une anecdote s’impose : aux alentours de la Saint-Valentin, rebelote rue Garnier, on nous offrit un chocolat français capable d’épater nos papilles gustatives.  Et voilà qu’Armand me demande spontanément : « On échange nos boitiers? »  Sitôt dit sitôt fait, en retenant que sur l’emballage, outre le nom, était mentionné le numéro de téléphone personnel de chacun.  Par conséquent, il ne nous restait plus qu’à nous joindre, autrement.  Allait se produire ce que l’on devine aisément : un premier appel téléphonique, un peu gauche, ne souhaitant guère s’importuner mutuellement.  Et puis, ce fut l’avenue électronique qui prit ensuite le relais, le fameux courriel; attendu qu’en lui adressant un mot, je devais accentuer le caractère, parce que mon ami Armand souffre d’une déficience maculaire; et que d’évidence, j’ai d’abord choisi de me montrer aimable plutôt qu’embêtant…pour sa vue.


Et puis, à Pâques 2024, ce fut l’apothéose de se retrouver ensemble : à la même table, que nous n’aurions échangée pour rien au monde.  Et puis, on nous sollicita pour une brève entrevue, en aparté, en dehors de la salle de réception. Attendu que nous avons vécu cette expérience, tel un privilège, nous incitant dare-dare à inscrire ce moment précis comme un ÉVÉNEMENT dans nos vies. Et puis, qui sait ce qui nous attend?  Suffit de citer Camus : « Les grandes idées viennent dans le monde sur des pattes de colombe ».  En retenant que dans les relations communes, entretenues soigneusement, avec pondération et bon goût, la « mesure » par excellence, c’est toujours l’autre.  Bref, si nécessaire, se nourrir de citations, si nécessaire, pour embellir notre quotidien, en tentant d’illuminer si possible, autant que faire se peut, la citadelle, la muraille de l’Autre; si tant est que, comme nous y aspirons secrètement, « nous avons – tous deux – soif d’une même promesse ». 

L’amitié véritable : un tissu rare à envelopper dans du papier bleu, comme le faisaient nos grands-mères de jadis.  Attendu que pactisant avec la formule des Petits Frères : « Nous avons besoin de plus de fleurs, que de pain ».  Cher Armand Bastien, que te souhaiter (mais oui, on se tutoie) qui puisse te convenir, sinon la même perspective que je privilégie pour moi-même : que des lendemains qui chantent…  Kenavo! Comme on dit en Bretagne.

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