C’était un jour de pandémie… Un jour où les petits bonheurs partagés en famille confinée et privilégiée doublaient de richesse alors que les libertés s’appauvrissaient selon les recommandations ordonnées de la santé publique. Geneviève et son conjoint, parents de deux fils atteints d’un trouble du spectre de l’autisme vivaient dans un univers familial doux et confortable. Pas besoin de guetter les difficultés que peuvent éprouver parfois leurs enfants à communiquer ou à entrer en relation avec les autres. Pas besoin de les épargner d’une surdose de stimulus pouvant déclencher une crise d’irritabilité ou de larmes. Tout allait bien.
Mais le confinement n’en finissait plus de finir. Inévitablement, les deux garçons, Laurent et Éliot, commençaient lentement à restreindre leur champ d’intérêt et insidieusement, à se replier sur eux-mêmes. Geneviève et son conjoint, à l’écoute et sensibles, ont vite entrepris de chercher une solution pour favoriser leur curiosité et leurs habiletés sociales.
En famille, ils ont joint l’équipe des bénévoles des Petits Frères de Lévis et rapidement, ils ont été jumelés comme un cœur soleil qui déploie ses multiples rayons formant un cercle lumineux de Grandes Amies : Madame Jocelyne, Madame Gisèle, Monsieur Denis, Monsieur André… Un cœur soleil brillant de mille petites attentions.
Laurent a pris goût aux visites, aux rencontres, aux échanges et du haut de ses 13 ans, il est toujours bénévole au sein des Petits Frères.
Il avait à peine 10 ans lorsqu’il a commencé ses visites avec sa mère auprès de sa Grande Amie Madame St-Amant. Son premier « coup de cœur ». Dès les premiers instants, le lien qui les unissait comme un trait d’union d’un cœur à l’autre formant un tout composé qui rime : Laurent et Madame St-Amant comme deux aimants, était évident.
La joie qu’éclatait le visage de Madame St-Amant en un large sourire lorsque Laurent et Geneviève entraient dans sa chambre. Ils rigolaient. Ils échangeaient sur leur passion pour les chats. Aussitôt que Laurent avait lu une BD à la maison, il s’empressait de la prêter à Madame St-Amant qui adorait les BD. Geneviève l’invitait de temps en temps à faire « des virées de filles » au centre d’achat pour magasiner, se promener, sortir, prendre un café, s’amuser. Madame St-Amant collectionnait les animaux en peluche et Laurent prenait grand soin de garnir sa collection. En chemin vers la demeure de Madame St-Amant, Laurent cueillait parfois des fleurs sur les plates-bandes des voisins de long des trottoirs pour les lui offrir.
Geneviève explique que cette expérience de bénévolat auprès des Grandes Amies lui apprend l’art du lâcher prise sur les attentes qu’on puisse avoir envers les autres personnes : « J’avais peur de ne pas être à la hauteur, mais le fait de ne pas avoir d’attente envers les autres personnes ou envers moi-même, j’ai toujours des surprises ». Elle précise en disant que lorsqu’elle part à la rencontre d’une Grande Amie, ça se peut que la visite dure 15 minutes, que ce ne soit pas un bon jour, que les humeurs soient maussades ou plus irritables, eh! Bien, soit! C’est comme ça. Ça dure 15 minutes et ces 15 minutes sont ce qu’elles sont.
Laurent insiste pour dire que cette aventure lui apprend le sens large de la famille. « J’ai appris à accueillir une personne dans notre famille, exprime-t-il, les gens qu’on aime poussent en nous et grandissent, on crée des liens et ça devient plus grand que la famille typique ». Ses mots vêtus de candeur et d’une grande intelligence nous assomment le cœur… Il poursuit : « Ça nous fait du bien à nous aussi, les bénévoles, ça confirme que donner, c’est aussi recevoir… »
Mais hélas, Laurent et Geneviève ont reçu un jour, l’appel qu’ils redoutaient. Madame St-Amant avait quitté ce monde sans qu’ils aient eu le temps consciemment de se dire adieu. Ils s’étaient laissés à la dernière visite, comblés et heureux, sur un à bientôt…La directrice du centre a pris le soin de garder l’un des toutous de la collection de Madame St-Amant, un sympathique Scooby-Doo, pour le confier à Laurent. Mince consolation pour sa perte, mais ô combien délicate et apaisante pour la mémoire du cœur.
Quelle histoire que celle de Laurent et Geneviève, qui nous rappelle l’importance de profiter de chaque instant comme si c’était le dernier, que chaque seconde compte, que chaque rencontre « est » telle qu’elle est, ni bonne, ni mauvaise, mais porteuse d’un lien, d’un de ces traits d’union social qui fait que le grand monde est plus petit et surtout moins seul…
Venez faire briller vous aussi, chères et chers bénévoles, votre cœur soleil en faisant rayonner votre don de soi.
Merci Laurent et Geneviève de nous réchauffer le cœur!
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