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Chez Les Petits Frères comme à la maison

« Entrez, entrez ! », lance monsieur Bales, tout sourire, en nous ouvrant les portes de son domicile. Grand Ami des Petits Frères depuis une dizaine d’années, son enthousiasme à nous recevoir n’a d’égal que la générosité avec laquelle il nous livre son histoire.

Derrière son passé de militaire se révèle une sensibilité immense. Tout au long de notre échange, sa voix navigue entre éclats de rire et larmes contenues. « Vous savez, en vieillissant, la porcelaine du cœur se fragilise et les souvenirs deviennent plus vifs », confie-t-il avec émotion.

Cette nostalgie, il la panse auprès de l’équipe bienveillante des Petits Frères du Sud de Lanaudière, qui l’accompagne avec respect et tendresse. Résident de Mascouche depuis 35 ans, il trouve en chacune de ces personnes une deuxième famille, un ancrage quotidien.

Pour autant, son rêve demeure : celui de rentrer au Nouveau-Brunswick, là où ses racines autochtones sont profondément enracinées. « J’étais heureux, là-bas », dit-il. « Le casseau de hareng, le homard frais, la chaise longue dans l’eau, les amis… tout ça me manque. »

En attendant, il puise dans la communauté des Petits Frères un sentiment d’appartenance qu’il chérit comme un véritable cadeau.  

Partager des moments sacrés

« Échanger avec Lise, c’est un vrai baume sur le cœur… »

Lise, c’est la coordonnatrice des Petits Frères du sud de Lanaudière. Et pour monsieur Bales, c’est aussi une ange gardienne. Une personne dévouée, attentive et aimante avec qui il adore partager sur la vie.

« Toutes les deux semaines, on s’assoit ensemble. Un café, un lait, un beigne. C’est notre rituel. On dialogue et on se regarde, comme pour se dire : toi, je ne t’échappe pas. »

Au-delà de cette présence, monsieur Bales apprécie leur goût commun pour la culture. « On se prête des tonnes de livres, on parle de musique, d’opéra, de tennis ! Ça rend les conversations riches et précieuses. »

Les échanges portent aussi sur les moments de vie plus difficiles. Récemment, après un deuil éprouvant, il a pu compter sur le soutien de Lise. Et sa reconnaissance est sans borne.

« Elle a annulé ses rendez-vous pour m’accompagner à l’église. Ensuite, on est allé manger. Ça me touche profondément d’être passé en premier dans sa vie. » Il ajoute : « Mon lien avec Lise est vrai et sincère. Affectif, social, spirituel… On est peut-être deux vieilles âmes, au fond. »

Faire partie de la gang

Loup solitaire, monsieur Bales admet que Lise le pousse souvent hors de sa zone de confort en l’invitant aux activités des Petits Frères. Et parce qu’il l’apprécie, il accepte presque toujours. Dîners communautaires, repas des Fêtes, activités de la Saint-Valentin : à son rythme et dans le respect de ses limites, il s’intègre et y trouve un véritable plaisir.

« Ici, je fais partie de la gang. Les gens sont tellement accueillants et humains. On sent qu’ils se soucient vraiment de nous. Il y a toujours une petite question qui réchauffe, un mot personnalisé, une carte d’anniversaire. Les attentions sont gratuites et touchent droit au cœur. Et en plus, les repas sont bons ! (rires) »

Ces rassemblements offrent aussi l’occasion de rencontrer d’autres visages significatifs. Parmi eux, une bénévole acadienne avec qui il partage son amour du Nouveau-Brunswick.

« On connaît les mêmes endroits. On parle de La Bolduc, de Zachary Richard, des Salebarbes… et aussi de poisson ! Discuter avec elle, c’est un peu comme rentrer chez moi, là-bas, à Petit-Rocher. On se comprend et ça fait du bien. » 

Notre entretien touche à sa fin quand un vrombissement de tondeuse se fait entendre devant le domicile de notre Grand Ami. Un voisin s’affaire, bienveillant et heureux de rendre service. « Ça me fait plaisir, monsieur Bales ! », lui lance-t-il en réponse à ses remerciements.

Nous quittons le cœur réconforté. Le vrai chez-soi ne se limite pas aux murs et à la ville qui nous abritent : il se trouve aussi dans les liens qui nous entourent.

Bien vieillir chez soi — et sereinement — c’est avant tout vieillir dans la chaleur des autres.

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